« Danièle Obono est antiraciste et antisémite »
Depuis ce lapsus dans L’Émission politique jeudi soir [30 novembre 2017] sur France 2, c’est l’halali médiatique. Les observateurs politiques scotchés sur Twitter avaient l’impression d’avoir découvert la pierre philosophale. Le petit Abel Mestre du Monde n’en revenait pas d’un tel caviar ! Tous attendaient la chute, et elle vint enfin, sous la pression de l’agent inquisiteur Philippe Val.
Le meilleur moment de #LEmissionPolitique reste le magnifique lapsus révélateur de Mélenchon : « Danièle Obono est une militante antiraciste et antisémite » pic.twitter.com/wO669dKntp
— EL ЯAFA ن (@IsrafilElRafa) 30 novembre 2017
Et tous de s’exciter sur ce point de détail, à l’image des commentateurs foot de Canal+ qui hurlent lorsqu’un ballon touche le poteau.
Or Mélenchon n’a fait que régurgiter l’incroyable pression médiatique qui cerne, étouffe et presse La France insoumise depuis deux mois, depuis la rentrée sociale exactement. Tous, les uns après les autres, en file indienne, sont obligés de mettre un genou à terre et de faire leur autocritique, comme aux plus beaux temps du communisme. Mais ce n’est pas qu’une pratique soviétique, la France connaît aujourd’hui sa grande période maccarthyste, avec l’antisionisme à la place du communisme [1].
Pourtant, on ne s’attachera pas à analyser ce petit glissement sémantique dans la bouche du leader de LFi. Il y a mieux, politiquement parlant : il y a la résistance sociale. Et on est bien obligé de dire, à l’heure actuelle, que le seul parti qui défend les acquis sociaux, c’est celui de Mélenchon, Corbière (qui a versé sa larme face aux polémiques), Obono et Ruffin. Pour ne prendre que ces têtes d’affiche. Il y a aussi Quatennens, le p’tit Ch’ti qui monte.
Lorsqu’il s’agit de @JLMelenchon, #LEmissionPolitique ne parvient pas à durer plus de 45 minutes sans devenir un ignoble guet-apens contre son invité. Malgré tout, nous avançons et ça se voit. Fier de mener le combat des idées avec un responsable politique de ce calibre.
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 1 décembre 2017
Alors, tout ce barouf pour un mot bombardé au quotidien dans toutes les têtes par le Système, c’est encore de l’intoxication. L’antisémitisme, on le rappelle, n’est pas le problème des Français, ils ont d’autres préoccupations largement plus intéressantes. Prenons seulement Mélenchon, qui base son succès politique sur une ligne sociale et très légèrement nationale – il ne peut pas faire du E&R, c’est interdit par la Loi (pas la loi républicaine, l’autre, celle qui est derrière) –, il a des choses à dire à propos du libéralisme et ses effets sur la vie quotidienne des Français. Ne vous y méprenez pas : la plupart des gens ne font pas le rapport entre leur situation qui se dégrade (économiquement, socialement, moralement) et l’oligarchie, ses oukases, ses injonctions, ses délires aussi. C’est pourtant clair, mais ça demande une bonne dose de lucidité, et de courage. Car il faut admettre des choses difficiles à avaler. Admettre qu’on ne vit pas en démocratie, qu’on ne peut pas tout dire, sinon la répression se fait féroce.
Léa Salamé sur Mélenchon : "Vous avez l'impression que c'est l'idiot utile" ?". Pascal Bruckner : Plutôt une "potiche talentueuse"... Léa Salamé : "Vous en pensez quoi Bernard Kouchner ?". La télé publique en 2017 #LEmissionPolitique
— Aude Lancelin (@alancelin) 30 novembre 2017
Pour dire les choses crûment, la portée du discours social de Mélenchon et ses lieutenants est limitée par les attaques à l’antisémitisme, comme les attaques à l’acide au Pakistan sur les femmes qui veulent sortir de leur prison familiale. Plus l’antilibéralisme monte chez les Insoumis, plus l’accusation d’antisémitisme leur est infligée. Rappel : il n’y a pas de présomption d’innocence avec l’antisémitisme... Ça monte de manière géométrique des deux côtés. Antilibéralisme vaut antisémitisme, que ce soit bien compris. Le problème, c’est que cette association peut avoir des conséquences inattendues. D’où le succès du photomontage avec Macron et ses sponsors : dans l’esprit du public, il y a désormais confusion entre le magistère moral de la communauté de Lumière et la domination économique... Attali, Rothschild, Macron, tous dans le même sac... oligarchique !
- L’homme qui a échappé au 7 janvier 2015
Et l’acharnement contre tous ceux qui veulent défendre un tant soit peu le peuple français s’incarne dans ce qu’on appelle les valets du l’oligarchie. Manuel Valls en est un exemple frappant, voire frappé, et Philippe Val est tout simplement son prédécesseur dans le genre. Une fonction qui permet d’exister médiatiquement alors que rien ne justifie une telle présence. Val n’est plus patron de France Inter ni de Charlie et n’est pas élu non plus. D’où parle-t-il ?
Il n’y a qu’à voir Valls, ce petit député très mal élu, occuper – saturer ! – le terrain médiatique plus que le Premier ministre pour comprendre.
Il y a donc une hiérarchie officielle et un organigramme officieux, où les rôles sont autres, et distribués non par le peuple français par la voie électorale, dite aussi démocratique, mais par l’oligarchie. Valls et Val sont deux représentants non visibles de la communauté au pouvoir. Ils sont envoyés en première ligne, détestés pour cela, et quand ils seront bien grillés, finiront dans les poubelles, mais pas les poubelles de l’Histoire, les poubelles des cuisines sales de la trahison sociale.
L’invité surprise était donc Philippe Val, cet ancien gauchiste devenu atlanto-sioniste, comme Charlie. Sauf que lui aura sauté à temps du train en marche...
Toute cette histoire d’antisémitisme à la con sert uniquement à étouffer la vraie contestation sociale.